Vétérinaire de formation, après quelques années passées en clientèle je me suis réorientée vers la recherche scientifique, en réalisant une thèse de Neurosciences au cours de laquelle j’ai découvert l’existence d’une neurogenèse dans le cerveau d’un insecte adulte : le grillon domestique. Un post-doctorat à Cambridge m’a permis de me familiariser avec l’imagerie calcique et d’étudier les propriétés des neurones des corps pédonculés, structures impliquées dans l’apprentissage chez l’insecte.
Après mon recrutement au CNRS en 1997 au sein du Laboratoire de Neurobiologie, j’ai continué à explorer la régulation mais aussi les fonctions de cette neurogenèse présente dans le cerveau du grillon adulte. Ces travaux ont ainsi permis de montrer que l’hormone juvénile et ecdysone (2 hormones qui jouent un rôle primordial dans le développement et la reproduction des insectes), participent également, et de manière antagoniste, à la régulation de la neurogenèse chez l’adulte: l’hormone juvénile stimule tandis que l’ecdysone inhibe la prolifération des neuroblastes dans les corps pédonculés.
A côté de cette régulation hormonale, nous avons également mis en évidence l’importance de l’environnement sensoriel et social par des expériences d’enrichissement environnemental et de stimulations sensorielles directes.
Enfin, grâce à des expériences de destruction par irradiation des neuroblastes des corps pédonculés, nous avons montré qu’en absence de neurogenèse, le grillon présente des performances d’apprentissage diminuées dans des tests opérants complexes mettant en jeu l’olfaction.
Ainsi on obtient le schéma suivant : l’enrichissement environnemental stimule la neurogenèse qui à son tour améliore les performances d’apprentissage de l’insecte et donc son adaptabilité à son environnement changeant.
En 2003, j’ai rejoint l’Institut de Biologie du Développement de Marseille où je me suis intéressée au potentiel des cellules souches de la zone sous-ventriculaire (SVZ) pour la réparation de lésions démyélinisantes. Ces travaux ont montré que non seulement les greffes de cellules souches mais aussi le recrutement des cellules souches endogènes peuvent contribuer à la remyélinisation, par une double action 1- de remplacement cellulaire et 2- d’immunomodulation.
Exemple de plasticité extrême, nous avons pu démontrer que des cellules dérivées de la SVZ déjà engagées dans le lignage neuronal (des neuroblastes) sont capables, en cas de lésion démyélinisante, de migrer vers la lésion et de changer d’identité pour devenir des oligodendrocytes myélinisants.
De plus, nous avons pu identifier certains facteurs (facteurs trophiques comme l’EGF, facteurs de transcriptions comme Olig2, et facteurs environnementaux comme l’enrichissement du milieu) capables de promouvoir cette réparation endogène.
J’ai également étudié les progéniteurs d’oligodendrocytes (OPC) comme source de nouveaux oligodendrocytes nécessaires à la remyélinisation suite à des lésions démyélinisantes, et étudié la contribution respective de ces deux populations cellulaires (OPC et cellules souches) dans la réparation.
En créant une nouvelle lignée de souris permettant d’éliminer les OPC au stade adulte de façon transitoire, nous avons pu apporter la preuve que ces cellules, indépendamment de leur fonction dans la production d’oligodendrocytes, jouent également un rôle dans la neuromodulation en affectant la balance excitation / inhibition dans le cortex sensori-moteur, avec des impacts comportementaux tels qu’une activité locomotrice diminuée et une mémoire de travail altérée.
Enfin, en 2021 j’ai réalisé une mobilité thématique et rejoint le Laboratoire de Neurosciences Cognitives (aujourd’hui « Centre de Recherche de Psychologie et Neurosciences ») pour travailler sur des aspects plus cognitifs des Neurosciences. L’équipe que j’ai rejointe « Réadaptation cognitive et comportementale » s’attache à mieux comprendre les processus sous-tendant l’inadaptation comportementale afin de proposer des protocoles de réhabilitation ciblés et personnalisés.
Je participe actuellement à 2 projets de recherche, l’un sur la variabilité interindividuelle du vieillissement cognitif en condition non pathologique avec Caroline Chambon, et l’autre sur l’impact de l’imagerie motrice kinesthésique sur la créativité figurative avec Béatrice Alescio-Lautier.
Mots clés : plasticité neuronale, neurogenèse, cellules souches, enrichissement, myéline, oligodendrocytes, mémoire de travail, vieillissement, créativité, imagerie mentale, EEG, dilatation pupillaire.
Alumni : Sophie Scotto, Jordane Malaterre, Cristina Cantarella, Sandrine Courtès, Béatrice Brousse, Océane Mercier.